Le temps d’après ! Tome 2

Les Socios vous présentent une nouvelle rubrique qui va s’attacher à retrouver les joueurs qui ont fait les beaux jours de l’Aviron Bayonnais. Ayant raccrochés les crampons, il est intéressant de savoir ce qu’ils sont devenus. Un questionnaire va nous permette d’en connaitre un peu plus à travers les réponses qu’il vont nous délivrer.

Le temps d’après, T 2.

Arnaud Heguy est le deuxième  joueur retraité à qui nous rendons cet hommage.

Natif de Bayonne, il a évolué au poste de talonneur pendant 6 saisons au sein de l’Aviron Bayonnais.  Désormais reconverti comme entraineur , il a signé pour 3 ans afin de s’occuper de la mêlée du Lyon olympique universitaire rugby.

C’est accompagné de Mélanie, présidente des Socios que nous l’avons retrouvé  à Anglet à la boulangerie Ange et il n’a pas hésité à  répondre à nos questions.

SI. Bonjour monsieur Heguy

1/ Comment allez vous ?

 » Et bien ça va, ça va. J’ai quelque jours en repos pendant cette coupe du monde donc du coup, on peut  s’octroyer quelques jours de congé avant de repartir sur Lyon pour plusieurs matchs et ça me permet surtout de pouvoir accompagner Aretz dans notre reconversion qui est la boulangerie ».

2/ Que faites  vous ? vous êtes  donc avec Monsieur Iguiniz, sur la boulangerie,

 »  Oui voila, donc du coup, j’ai la particularité d’avoir 2 jobs, particularité qui me permet de pouvoir continuer à travailler avec Aretz sur la boulangerie et aussi de pouvoir garder un pied dans le rugby, sachant qu’aujourd’hui, je suis au LOUP à Lyon en tant qu’entraineur. J’ai quitté Grenoble à l’inter saisons. Je m’étais plus recentré sur l’idée de me rapprocher d’ici, les opportunités n’étant pas la. je m’étais un peu résigné à faire une année sabbatique et surtout consolider notre travail ici. Et en dernière minute une proposition est tombée donc du coup, je me suis engagé au Loup à Lyon en tant qu’entraineur des avants, physiquement aussi de la mêlée. J’essaye de concilier les deux jobs lors de mes semaines. Il y a un nouveau staff à Lyon« .

3/ Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de Jean Dauger ?

 » Il y en a plusieurs mais c’est vrai je dirai que les meilleurs souvenir finalement, c’est peut être ce qui a créé le plus de liens entre cette génération, ce sont les souvenirs de maintien. Ça a été  de longues saisons, des saisons dures où le jeu n’était pas forcément la, le public était moins exigeant aussi et en fait on se contentait, on avait pour objectif de maintenir le club. Moi j’ai connu, j’étais déjà dans le groupe, j’avais 18 ans lors de la Pro D2 où on est monté en top 16. Cela remonte à plusieurs années déjà. les premières années avec Gilbert Doucet, je m’en souviendrais, on avait vraiment pour objectif, un groupe, on était formaté, la cohésion était extrême pour aller chercher ce maintien. On avait aussi beaucoup de joueurs du cru, des joueurs du coin, ce qui a créé encore un peu plus de cohésion entre nous et moi dans ces moments la, le groupe s’est forgé, on a gardé des liens très très forts et c’est les souvenirs pour moi au delà, j’ai quand même vécu juste avant que je parte une ou deux saisons où on a joué dans le ventre mou. Le club cherchait déjà à se développer, se structurer. Moi je suis parti pour des raison qui vont un peu en lien. On sentait qu’il y avait des métamorphoses qui se faisaient dans le club et sur lesquelles je ne m’identifiais pas. Mais c’est vrai que les meilleurs  souvenirs ce sont les premières années de la remontée en top 16 et top 14. On avait vraiment un but commun que ce soit dans les bureaux, l’administratif, la ville, les supporters, on sentait qu’on était vraiment tous dans le même sens et dans le même projet ».

4/ Quel est le plus mauvais ?

 » Le plus mauvais, je pense,  forcément c’est mon départ, les raisons de mon départ et tout ce que j’ai vécu après derrière. Après, en 8 ans, on relativise un petit peu, on se dit que c’est le monde pro même si je  reste encore persuadé qu’on peut aussi évoluer dans ce monde la humainement avec des façons de faire différentes. Et  surtout, aujourd’hui, la difficulté de ce monde là, c‘est le temps, c’est aujourd’hui prendre le temps, construire un projet, construire une équipe, ça demande beaucoup de temps. Après, ce qui fait le gros avantage de ce club de Bayonne, c’est qu’il y a une grosse ferveur. Le public est très exigeant, le public a très vite envie d’avoir des résultats et d’être au plus haut. Ce qui est top quand ça fonctionne. Mais c’est vrai que quand on est un peu en difficulté, quand on est maintenant de l’autre coté, quand tu es Staff, tu te dis, j’ai besoin de temps, j’ai besoin de temps pour construire, j’ai besoin de temps avec les joueurs. Les joueurs, les joueurs étrangers qui viennent maintenant, ils ont besoin de temps pour s’intégrer, ils viennent de loin. Le temps aujourd’hui c’est primordial dans le monde professionnel mais les exigences diverses mettent énormément de pression et c’est peut être ce coté la qui a  fait…maintenant c’est plus personnel. Mon départ a été le point négatif mais aujourd’hui , je ne le regrette pas car ça m’a permis de nouvelles expériences. Une nouvelle vision du rugby, cela m’a enrichit..SI Prendre son temps comme l’ont fait les Rochelais ? Oui, exactement, c’est un  modèle à la  fois économique et à la fois structural. ce qui montre que tout peut fonctionner aussi mais avec des bases plus solides ».

5/ Quel est l’adversaire qui vous a posé le plus de problèmes ?

 » En joueur. c’est forcement un joueur de la mêlée. Comme j’aimais énormément le ballon et que j’aimais aussi beaucoup la mêlée, c’est un secteur qui me permettait de voir et de jauger  un peu mon adversaire. Ben j’ai eu la chance de me confronter avec Yannick Bru qui était très, très costaud malgré le fait qu’il ne soit pas le plus lourd. Michel Konieck, ancien catalan dur au mal. Dans ma génération, j’ai joué William Servat, Dimitri Szarzewski« . William fait partie des OVNIS.

6/ Quel est le partenaire le plus fort avec qui vous avez joué ?

 » Pour moi, dans l’époque où j’ai joué Dimitri Yachvili est surement le meilleur joueur dans la compréhension, dans l’intelligence de jeu. On va dire dans tout, dans la collaboration, dans la stratégie, je pense que c’est le joueur le plus intelligent avec lequel j’ai joué. Après pour moi le plus fort au poste, celui qui me vient à l’idée, c’est Dimitri Yachvili« .

7/ Quel a été votre partenaire le plus drôle ?

 » Ah, il y en a beaucoup dans chaque club, il y en a toujours. Dans chaque équipe, chaque année, il y a toujours un boute-en-train. C’est ce  qui fait qu’aujourd’hui, voila, la vie de groupe est importante. tous les jours non stop quasiment, tous les week end on enchaine les matchs, on se voit quasiment plus que la famille. Donc c’est important. Dans ma génération, à Bayonne, il y a eu Guillaume Bernad, Denis Avril, il y en a beaucoup. En sortir un comme cela, c’est difficile ».

     

8/ Quel est le partenaire que vous avez perdu de vue et que vous aimeriez revoir ?

 » Ça, c’est une bonne question.  Donc question, alors je vais faire le lien avec Bayonne. Il y en a que j’ai pas vu depuis très très longtemps mais que j’ai revu récemment. Des étrangers notamment. Surtout des étrangers. Je me souviens il y avait Mike Mitchell, deuxième ligne, un Australien. C’est quand moi, j’ai démarré. C’est vrai que lui, il nous avait amené ce coté très professionnel, on venait de monter et il nous avait amener une rigueur, une exigence  aux entrainements. Lui oui, j’ai gardé pas mal de contacts mais j’ai toujours dit, peut importe on fait notre carrière mais le but comme je dis souvent aux joueurs c’est que quand vous allez vous retrouver dans 10 ans, chacun ait une bonne image de l’autre. C’est cela qui est le plus important pour moi. Je tenais beaucoup à ce que les gens aient une bonne image. On dit souvent dans les milieux, ah lui, c’est un bon mec, ah lui, c’est un mauvais mec. Mais pourquoi ? Moi j’espère que la majorité des joueurs avec qui j’ai joué ont l’image de moi d’un bon mec, un mec qui est serviable et s’ils ont besoin à n’importe quel moment, je pourrais les aider. Je pense, j’espère ».

9/ Quelle est la plus grosse engueulade que vous avez reçu à la mi temps d’un match ?

 » C’est Gilbert, Gilbert Doucet « . SI.C’était à Bucarest ?  » Oui la, je ne rentrerai pas dans les détails de l’engueulade mais Gilbert était…. mais à la foi c’est ce qui nous transcendait aussi parce qu’il savait que c’est ce levier là qui marchait avec le groupe. Il avait mis en place un groupe qui fonctionnait comme cela et on avait besoin de nous rentrer dedans et on était tous ok avec cela. Oui, Gilbert, Gilbert « .

10 / Quel est l’entraineur qui vous a le plus marqué ?

 » Après, il ne m’a jamais entraîné en Pro mais c’est quelqu’un, pour moi c’est mon mentor, c’est Pierre Perez que j’ai eu au sport étude à Bayonne et ensuite sur les sélections, c’est l’éducateur qui m’a fait basculer dans l’idée que peut être un jour, je pourrai jouer au rugby et en faire mon métier. Au lycée Cassin, c’est pour moi la personne qui a su…, moi j’étais au rugby parce que j’étais avec des copains, je n’avais pas conscience que je pouvais gagner de l’argent avec çà ou en faire mon métier. Il a beaucoup oeuvré pour moi.Et Gilbert, c’est lui qui m’ a lancé. Il m’ a donné ma chance ».

11/ quel est le jour où vous vous êtes senti le plus fort avec l’équipe

 » Il y a une année avec Bayonne, on reçoit, je crois que c’était le stade français, il y a tout qui nous sourit, je crois que c’est en début de saison en plus et il fallait absolument bien lancer cette saison. Je sais plus en quelle année c »est. Il y a ce match la et puis il y a une année où on gagne à Toulouse. Franchement les planètes étaient alignées ».

12/ quelle est la troisième mi temps la plus folle que vous avez vécu ?

 » j’y tiens car c’est le rugby. Pour répondre, il y a une année où on se maintient, on gagne à Brive, on revient ici et on fait une grosse bringue ! Il y a une année, on perd à Montauban, on descend mais on est sauvé sur le tapis vert. Le lendemain on se retrouve c’était encore Francis  qui était président, on fait une bringue de fou. Après les premières années avec Gilbert on se maintient. Avec le staff, avec tout le monde, c’était vraiment la récompense ultime. On parle cohésion d’équipe, quand on dit cohésion d’équipe, 90% de joueurs disent, on fait la bringue ».

13/ Y’a t’il une question que vous auriez aimé que je vous pose ?

 » Oui, est ce qu’un jour, je vais entrainer au Pays Basque ?

 » C’est surement pour un entraineur le plus difficile. Entrainer chez lui, sa région, son club, je pense que c’est le plus difficile. L’exigence est encore plus importante. Moi çà serait un jour ..peut être un rêve .. ».

Un homme de respect, un homme qui mérite le respect. le regard franc, il ne réfute aucune question, pas de langue de bois, il dit ce qu’il a vécu et ce qu’il a ressenti. Nous sommes restés un long moment à poursuivre cette discussion et ce fut un grand plaisir. Nous lui souhaitons le meilleur à Lyon et MERCI monsieur HEGUY

 

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